Ne soyez pas un simple mode d’emploi !
Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour PédagoClic, et aujourd’hui, je veux vous parler d’une problématique qu’on peut rencontrer, ça dépend un peu du domaine dans lequel on enseigne, mais je pense que partout ça peut vous intéresser.
Et notamment si vous enseignez l’utilisation d’un outil technique, qu’il soit informatique ou non, pour moi ça peut être un appareil photo, mais si à un moment vous enseignez l’utilisation d’un outil technique, il y a une chose qu’il ne faut PAS faire : vous transformer en mode d’emploi.
Et même si vous n’enseignez pas un outil technique, restez avec nous quand même, parce que ça peut quand même vous servir dans votre domaine, même si ça ne va pas être un mode d’emploi, il va y avoir des principes similaires.
Un mode d’emploi, qu’est-ce que ça fait ? Ça décrit simplement « tel bouton fait telle chose ». C’est tout. Et c’est la raison pour laquelle presque personne ne lit les modes d’emploi. Parce que c’est chiant à mourir, et parce qu’en général on peut découvrir ce que tel bouton fait, tout seul. On a rarement besoin du mode d’emploi à part pour les trucs compliqués.
Et pourtant, j’ai déjà vu des formations sur des plateformes de formation bien connues, par des personnes plutôt connues dans leur domaine, où le contenu se résumait littéralement à décrire le fonctionnement de chaque curseur d’un logiciel. Sauf qu’on s’en COGNE complètement. Et vos clients aussi.
Enfin plus exactement, c’est une information utile à un moment, mais très très insuffisante en soi et pas suffisante pour faire une formation.
Et en plus, c’est juste très chiant, donc personne ne va aller au bout, et n’oubliez pas qu’un contenu qui est bon c’est aussi un contenu où les gens vont jusqu’au bout. Parce que s’ils ne vont pas jusqu’au bout, ils ne verront pas si c’est pédagogique ou pas.
Dans votre contenu, il est important de d’abord expliquer le rôle d’une fonction.
Par exemple : quand on apprend à conduire, en général on passe le Code de la route d’abord, tout au moins on le commence, on va commencer à apprendre les principes. Une des choses qu’on apprend, c’est que le rôle des phares, c’est de voir et d’être vu (vous vous rappelez peut-être les cases à cocher du fameux QCM du permis qui fait peur à tout le monde). On vous dit : mettez vos feux de croisement en ville quand il pleut ou qu’il fait noir, mettez vos feux de route si vous n’aveuglez personne sinon remettez vos feux de croisement, mettez au moins vos feux de position si vous devez vous arrêter sur le bord de la route de nuit, etc.
Mais on ne commence pas directement par vous montrer la commande des phares dans la voiture. Ça n’a pas vraiment de sens tant que vous ne savez pas à quoi ça sert. Alors, en l’occurrence, vous n’êtes pas demeuré, vous savez bien que les phares, ça sert à voir et à être vu, même si on ne vous le dit pas, là, je prends cet exemple-là, mais il y a des choses où c’est moins évident la fonction, le rôle d’une fonction.
ENSUITE, quand vous prenez le volant, là, on va vous montrer la commande, et comment l’utiliser. Et comme vous savez déjà POURQUOI, vous allez le faire au bon moment. En fait, comme vous avez déjà le « pourquoi » en tête auparavant, ensuite le « comment » va venir comme il faut. Là, je relie ça au fameux concept PQCE dont je parle dans le bonus que je vous encourage à télécharger.
Ça, c’est la partie que doit faire le formateur.
Mais si vous avez déjà conduit plusieurs marques de voiture, vous savez que parfois les commandes changent de place. En général il y a une convention commune sur la commande des phares à gauche.
Mais sur certaines voitures, vous avez un genre de roue située vaguement en dessous à gauche du volant. Oui, c’est débile et pas DU TOUT ergonomique, je ne sais pas du tout pourquoi ils font ça, mais bon, que voulez-vous, il y a quand même des marques qui font ça, donc ça veut dire que le mode d’emploi, le « comment », il va changer selon la marque de l’outil technique – ça peut être une voiture, ça peut être un appareil photo, ça peut être autre chose , par contre, le « pourquoi » ne va jamais changer.
Et vos clients, s’ils comprennent le « pourquoi », s’ils comprennent l’utilité de la fonction, ensuite, s’ils ne la trouvent pas sur l’outil, ils pourront toujours lire le mode d’emploi.
Mais ce que je veux dire, c’est que votre rôle n’est pas de faire le mode d’emploi, parce que sinon, vous allez faire infiniment pour toutes les marques toutes les techniques, parce que si vous avez un outil technique, en général, il y en a plusieurs. L’info est utile, mais elle n’est en aucun cas suffisante, donc vous allez pouvoir la dire, mais pas forcément… ce n’est pas la base de votre contenu.
Dans votre contenu, il est important de bien faire la distinction entre les deux. Quand je parle de photo, c’est quelque chose qui m’arrive beaucoup. Évidemment, puisque l’appareil photo est un outil technique. En effet, comme pour les voitures, les fonctions de base sont plus ou moins les mêmes pour tout le monde. Tout le monde a une ouverture, une vitesse d’obturation, des ISO, c’est plus ou moins pareil.
Par contre, le bouton n’est pas au même endroit selon la marque, et pas toujours désigné de la même façon. Il y a des conventions qui sont des fois communes à toutes les marques, des fois communes qu’à certaines, des fois complètement différentes.
Mais, moi, je fais des formations destinées à tous les photographes, quelle que soit la marque de leur appareil. Du coup, comment je fais ? Parce que c’est quand même un problème, parce qu’il y a des gens, je montre un exemple sur tel appareil, mais eux ça ne va pas être la même marque, ça ne va pas être au même endroit.
Alors qu’est-ce que je fais ?
1) Je me concentre d’abord sur le pourquoi, sur le rôle d’une fonction, sans parler du bouton en particulier. Donc en gros, ce que je fais en général c’est de commencer par vraiment détailler ce que tel réglage fait sur l’image, sans détailler comment utiliser la fonction techniquement. Parce que c’est d’abord important de savoir pourquoi on l’utilise.
En termes de conduite, par exemple, ça reviendrait à expliquer qu’appuyer sur le frein ralentit la voiture, sans montrer la pédale.
2) Je cite ou je montre les moyens les plus courants d’utiliser la fonction. Par exemple, je vais dire « le bouton correspondant ressemble SOUVENT à ça ». Je dis bien « souvent », parce que vous ne savez pas s’il n’y a pas une marque obscure qui a un bouton un peu différent. Moi, jusqu’à ce que je tombe sur des voitures avec la commande des feux sur une espèce de rond un peu bizarre, je pensais que tout le monde était intelligent et mettait tout au même endroit. Mais non, il y en a qui ont voulu faire un design dégueulasse.
Si jamais vous pouvez être exhaustif (il n’y a que 2 ou 3 noms différents, que 2 ou 3 marques, ça ne peut pas être ailleurs), vous pouvez l’être. Sinon, vous citez simplement les cas les plus courants, et vous dites aux gens : parfois ça pourra être ailleurs, regardez votre mode d’emploi, vous allez trouver, c’est juste le même principe. Le bouton n’est pas au même endroit, mais le principe est le même.
L’équivalent pour la conduite, ce serait de dire : la pédale de frein est souvent au milieu, sauf sur les automatiques où il n’y a pas de pédale d’embrayage. Elle ne peut pas être au milieu puisqu’il n’y en a pas trois.
3) Je pense à les RASSURER. C’est très important pour deux choses surtout pour les outils techniques, en leur disant bien que même si le nom change, la fonction reste la même. C’est important de rassurer les gens. Dans plein de domaines : ne vous inquiétez pas, ça paraît compliqué la première fois, c’est normal.
Rassurer les gens, c’est très important, parce que vous ne savez pas, parfois il y a des choses qui les font plus ou moins paniquer, et c’est normal, s’ils débutent ça peut être un petit peu trop à apprendre d’un coup.
Donc là vous utilisez la qualité numéro 1 du pédagogue : l’empathie, dont je parle dans le bonus que je vous inviterai à télécharger à la fin de la vidéo et dont vous avez le lien en dessous. Vous vous adressez à des gens qui ne sont pas des experts, et qui peuvent être perdus si ce n’est pas EXACTEMENT comme sur la vidéo, donc rassurez-les.
4) Dernière chose, à laquelle on pense moins : souvent, les gens cherchent à utiliser des fonctions dont je ne parle pas, car elles sont ultra spécifiques à une marque, et souvent inutiles, en tout cas pas indispensables. J’ai appris à la dure qu’il fallait leur préciser de ne toucher QUE aux fonctions dont je parle. Que les trucs plus spécifiques étaient optionnels, et dans tous les cas pas à utiliser tout de suite. Parce que j’ai des gens qui m’ont dit, j’ai eu quelqu’un qui est venu me voir au salon de la Photo l’année dernière et qui m’a dit : Ah oui, j’ai mon nouvel appareil, et maintenant mes photos sont toutes rouges. Je ne sais même pas comment il a fait, c’est-dire qu’il avait touché à toutes les fonctions et au bout d’un moment, il s’est retrouvé avec un appareil qui faisait des photos toutes rouges, et il ne savait pas comment faire parce qu’il avait touché à tout, alors que, au début, c’est comme si vous arriviez dans une voiture et que vous commencez à toucher absolument à tous les réglages possibles, vous allez vous retrouver avec la radio à fond, la clim sur 12° et ça va être le bordel.
Alors que vous n’en avez pas besoin, il fait 20° dehors, pas besoin de clim.
Voilà, c’est important aussi de dire aux gens : calmez-vous, on va d’abord ne faire que ces fonctions-là et ensuite on ira plus loin.
Et ça marche pour les trucs techniques, mais ça marche pour d’autres choses aussi. Parce que, parfois, les gens vont vouloir mettre la charrue avant les bœufs, donc c’est important de leur dire : allez-y tranquille, on prend les choses dans l’ordre, cette question arrive après. Si vous savez que vous avez souvent une question sur quelque chose de complémentaire, dites-leur : ça arrive plus tard dans la formation, ou alors : j’en parlerai dans la prochaine vidéo.
Donc, voilà, j’espère que cette vidéo vous a plu. Si c’est le cas, mettez un pouce bleu et partagez-la avec des gens qui pourraient être intéressés, dans votre entourage. N’hésitez pas à vous abonner et à cliquer sur la petite cloche pour ne pas rater les prochaines vidéos. Et puis, comme je l’ai dit deux ou trois fois au cours de la vidéo, pensez à télécharger votre bonus qui est vraiment le 20/80 des grands principes pour faire du contenu qui va engager votre audience et qui va lui apporter de la valeur.
Voilà, je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là, n’oubliez pas d’apporter de la valeur et que le contenu est roi. Ciao !