Comment la couleur bleue peut vous aider à faire du meilleur contenu

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Bonjour à tous, ici Laurent Breillat pour PédagoClic, et aujourd’hui, je vais vous expliquer comment la couleur bleue peut vous aider quand vous créez du contenu. Oui, j’ai bien dit la couleur bleue.

Le rapprochement m’est venu en lisant un article passionnant que je vous mets en description. Laissez-moi vous le résumer, vous allez comprendre où je veux en venir ensuite.

Dans l’Odyssée, Homère décrit la mer comme « vineuse », « violette », ou « comme du sang ». Évidemment comme c’est du grec ancien, on traduit comme on peut, mais vous voyez qu’il la décrit comme vineuse, violette, comme du sang ; aujourd’hui, est-ce qu’on dirait que la mer a la couleur du vin ? Qu’elle est violette ou qu’elle a la couleur du sang ? Pas trop. Ce n’est pas ce qui va nous venir tout de suite.

Devant cette particularité, on a recherché les mentions aux différentes couleurs dans cette œuvre antique fondamentale. Et on a découvert que le noir est mentionné environ 200 fois, et le blanc 100 fois. Par contre, le rouge n’est mentionné que 15 fois, et le jaune et le vert moins de 10 fois. Et le bleu, lui, n’existe même pas. Il n’y a pas du tout de mot pour le bleu dedans.
Et d’autres textes de la même époque présentent des répartitions similaires.

Ce n’était pas une caractéristique propre au grec ancien. Pas de bleu dans les contes islandais, dans le Coran, en anciens chinois ou hébreu, ni même en sanskrit. Rien du tout, pas de bleu à cette époque-là.

Un même phénomène se retrouve à travers la plupart des langues dans le monde : elles possédaient d’abord des mots pour le noir et le blanc, le sombre et le clair. Puis le rouge apparaît ensuite, c’est la couleur du sang, la couleur du vin. Puis le jaune et le vert. Et enfin, plus tard, le bleu.
Sauf chez les Égyptiens, qui étaient les seuls à pouvoir produire un pigment bleu…

Alors est-ce qu’ils étaient tous daltoniens à l’époque ? Pas du tout. Simplement, ils n’avaient pas encore de mot pour le bleu, et quand on n’a pas de mot, peut-on réellement voir quelque chose ?

Et justement, on a pu faire le test de nos jours avec une tribu en Namibie, où dans leur langue il n’y a pas de mot pour le bleu, mais par contre ils ont plusieurs mots pour le vert. Faisons le test, ensemble : là, je vais vous montrer une image ; sur cette image, est-ce que vous repérez le carré qui a une couleur différente des autres ?

Normalement, à part peut-être pour ceux d’entre vous qui sont daltoniens (désolé si l’exemple ne vous parle pas), vous devriez repérer ça facilement, parce que c’est absolument évident pour les Occidentaux. Et pourtant, les gens de cette tribu ont eu du mal à le distinguer, donc ils ont été plus lents ou ils ont fait plus d’erreurs sur différents tests alors que pour nous, c’est ultra évident. Je veux dire, nous, là-dessus, on fait du 100 % de réussite, c’est évident.
Par contre, maintenant, si je vous montre cette image, pouvez-vous me dire quel carré est d’une couleur différente des autres ?

Personnellement, ça m’a pris quelques secondes. Et là, vous vous en doutez, vous voyez où je veux en venir, les membres de cette tribu sont bien meilleurs que nous. Ils ont eu un taux de réussite similaire à ce que, nous, on pouvait avoir sur le bleu.

Conclusion : le langage modifie la perception des couleurs. C’est-à-dire que les mots que vous avez dans votre vocabulaire vous permettent de voir mieux ou moins bien les nuances de couleurs, selon ce que vous avez comme mots.
Ce qui est quand même juste incroyable. Personnellement, ça pourrait presque suffire à être intéressant comme vidéo, mais on ne voit pas forcément le rapport avec mon sujet sur la pédagogie.

Alors, pourquoi je vous raconte ça ? Est-ce que c’est un délire total de photographe et que je vous fais un truc sur les couleurs ?

Pas du tout, simplement, ça me permet d’insister sur un truc qui me semble important, c’est l’usage du langage, et la sémantique. Alors ça peut paraître un gros mot, mais la sémantique, c’est simplement la partie de la linguistique qui étudie le sens des mots, pour faire simple.

C’est encore trop compliqué ? Bon.

En gros, ce que je veux vous dire, c’est que dans votre contenu, il est important d’utiliser un mot précis pour désigner un concept particulier. Spécialement quand vous avez une notion précise importante dans votre domaine. Soyez précis dans le vocabulaire.

Si possible, d’ailleurs, évitez les synonymes pour ça. Je sais, c’est plus élégant les synonymes, j’aime bien aussi quand c’est élégant, mais il faut savoir faire des compromis, et il vaut mieux simplifier qu’embrouiller un peu le lecteur, ce n’est pas de la littérature. Il faut comprendre que quand on écrit sur un blog, ou qu’on fait de la vidéo, on n’est pas là pour réaliser quelque chose d’artistique, on est là pour transmettre de l’information.
Si un synonyme courant existe, qui est couramment employé, que les gens vont de toute façon rencontrer, vous pouvez l’employer, mais dites TOUJOURS que c’est un synonyme. C’est-à-dire dites toujours : c’est exactement la même chose que ça. Si ce n’est pas exactement la même chose, expliquez la différence. Car ce n’est pas forcément évident pour les gens. Ce n’est pas parce que pour vous, comme vous connaissez le domaine, tel ou tel mot c’est exactement le même, que pour les gens c’est aussi facile.
Par exemple, en photo, ce qu’on appelle la vitesse d’obturation, c’est aussi le temps de pose. C’est la même chose, c’est deux manières d’exprimer finalement le même concept. Mais si je ne le dis pas aux gens, ils vont se dire : attends, il me parle d’un nouveau truc, d’où ça sort, il ne l’a pas expliqué. Il faut vraiment que ce soit clair que c’est un synonyme.

Alors évidemment, je ne dis pas du tout de balancer un max de vocabulaire technique, bien au contraire. Limitez le vocabulaire spécifique à votre domaine – vraiment les mots techniques qui sont dans ce que vous enseignez – au strict minimum. Pas la peine d’en faire plus que nécessaire. Mais parfois, un mot peut résumer à lui tout seul un concept plus complexe, et faciliter la conversation. C’est quand même plus ou moins le principe des mots.

Par exemple, heureusement qu’on peut dire « chien » plutôt que « animal de la famille des canidés, possédant 4 pattes, et pouvant mesurer de 30 cm à 1,5 m de long ». Les conversations seraient UN PEU plus difficiles si on avait moins de mots.

Au-delà de ça, employer un vocabulaire précis et réfléchir au sens des mots vous encourage vraiment à pousser votre réflexion, ce qui ne fera qu’améliorer votre contenu. C’est là que vous allez faire la différence.

Je ne veux pas non plus qu’en m’entendant dire ça, vous vous crispiez, hein, vous n’êtes pas obligé d’avoir un vocabulaire ultra riche dans chaque article, ou vidéo, et de compliquer inutilement. J’encourage même plutôt le langage de type oral assez simplifié. Mais quand c’est utile d’employer des mots précis, surtout, n’hésitez pas. Parce que ça va vraiment aider la compréhension de tout le monde.

Voilà, j’espère que cette vidéo vous a plu. Si c’est le cas, mettez-lui un pouce bleu, et puis partagez-la avec d’autres personnes qui pourraient être intéressées. N’oubliez pas de vous abonner en cliquant juste en dessous et à cliquer sur la petite cloche pour être notifié des prochaines vidéos. Si vous débarquez sur la chaîne et que vous n’avez pas encore téléchargé votre bonus, eh bien, faites-le parce que c’est vraiment le 20/80 de ce que je peux vous dire pour faire un contenu d’une meilleure qualité.
Voilà, je vous dis à plus dans la prochaine vidéo, et d’ici là, n’oubliez pas d’apporter de la valeur et que le contenu est roi. Ciao !

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6 comments

  1. anne-Marie Le 6 novembre 2017 à 01h17 Répondre

    Les Grecs connaissaient pourtant la couleur de leur ciel …si bleu ! Selon la vidéo, ils ne l’auraient jamais décrit ?Ils n’auraient pas éprouvé le besoin de créer un mot pour décrire une réalité physique de laquelle ils avaient fait un dieu (Ouranos ) Eclairez ma lanterne ,svp. merci à vous .

    • Elsa Le 9 novembre 2017 à 10h49 Répondre

      Bonjour Anne-Marie. Les grecs utilisaient le mot vert pour parler du bleu, si je ne m’abuse. Pour eux, bleu et vert étaient la même couleur.

  2. Julien Le 6 novembre 2017 à 09h07 Répondre

    Merci Laurent, bonne vidéo je pense que Pédagoclic a un vrai potentiel, continu comme ça !
    Petite question, c’est quoi le panel Led que tu utilise pour tes vidéos ?
    Bonne continuation.

  3. JEFF Le 15 novembre 2017 à 23h20 Répondre

    Bonjour,
    Intéressant, tout cela … 😀
    Les grecs, peuples de marins, avaient au moins une demi douzaine de mots pour désigner la mer, idem pour les eskimos avec la neige. Un tourangeau ou un toulousain n’ont pas de tels besoins, et n’ont donc pas le vocabulaire correspondant : pas de besoin = pas de mot. En latin, il n’y a pas non plus de mot pour dire exactement « bleu ». Cela signifie t- il que les romains ignoraient le bleu ? Pas sûr : ils avaient caeruleus (comme un ciel sans nuages), cyaneus (bleu foncé ), caesius (gris bleu ou bleu vert), glacis (entre vert et bleu pâle), violaceus (bleu tirant sur le violet) …. Il est curieux de constater, en français, langue latine, que certains des noms de couleurs ne viennent pas du latin, mais du germanique : blanc (blank), bleu (francique blao, anglais bleu, allemand blau). Les « besoins » en noms de couleurs n’ont probablement commencé à émerger qu’à partir du moment où il y a eu des techniques pour la préparation de pigments pour les teintures. Avant, cela n’avait probablement aucune importance …

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